En 2006, j’ai suivi la formation en EMDR-thérapie donnée par Laurel PARNELL (San
Diego, Californie). Depuis, cet outil est parmi ceux que je propose à
certains patients.
Pour vous présenter cette méthode, j’ai puisé dans les deux sites
:
L'EMDR, abréviation de « Eye Movement
Desensitization & Reprocessing », est une technique
basée sur les effets sur le cerveau de certains mouvements des yeux.
En 1987, Francine Shapiro, psychologue aux
Etats-Unis, remarqua que lorsqu'elle pensait à des événements
chargés d'émotions négatives, et que simultanément elle
effectuait des mouvements des yeux à gauche et à droite, les émotions
diminuaient fortement. Elle a pu tester ces mouvements oculaires auprès
de victimes de traumatismes de guerre, et a constaté que
celles-ci souffraient beaucoup moins de ce qui leur était
arrivé. Des études scientifiques nombreuses ont ensuite
confirmé ces améliorations, qui se montraient relativement
durables.
Types de traumatisme ou d'états que l'EMDR
peut traiter:
-
traumatisme simple (p. ex. un accident de voiture
sans blessés ni tués vécu par une personne équilibrée)
-
phobie unique (p. ex. phobie de l’avion)
-
traumatismes complexes (p.
ex.: maltraitance physique ou
sexuelle, relations très difficiles dans son enfance avec un
parent, choc psychologique lié au décès d’une figure
importante, …
-
troubles anxieux ou phobies
plus complexes
-
certaines addictions
-
certains
symptômes physiques chroniques, p. ex. céphalées
-
faible estime de soi.
Contre-indications de
l'EMDR:
-
les psychoses et certaines personnalités borderline;
-
les états
mélancoliques ou suicidaires;
-
une incapacité à supporter les
émotions ou à se concentrer sur ses états émotionnels intérieurs pendant un
certain temps;
-
la grossesse;
-
les troubles du rythme cardiaque.
Les étapes de la thérapie EMDR:
1°) Entretiens préliminaires
On identifie l’origine des
difficultés, p. ex. un accident de roulage.
Le thérapeute
propose ensuite au patient de déterminer :
-
la pensée négative (ex: "Je vais mourir.")
-
les sentiments et émotions (ex:
angoisse, impuissance)
-
les sensations physiques
associées (ex: "une boule au ventre")
Le patient est amené à évaluer, sur une
échelle, la "quantité" de détresse qu'il ressent initialement.
On détermine également une pensée positive
(ex: "Je suis en
sécurité.") par laquelle il
souhaite remplacer sa pensée négative actuelle.
2°)
Mouvements des yeux
Le thérapeute demande au
patient de garder à l’esprit en même temps:
pendant qu'il
commence les mouvements des yeux (des
stimulations tactiles ou auditives bilatérales peuvent remplacer
les mouvements des yeux).
Le thérapeute interrompt par moment les
stimulations, et demande au patient d’exprimer ce qui s’est
produit en lui; de temps en temps, il lui demande de réévaluer
sa détresse sur l’échelle.
Que vit le patient durant ces stimulations ?
Il
traverse des émotions et peut voir des images
ou avoir des souvenirs qui élargissent pour lui la situation
ciblée. Le plus souvent, le niveau de détresse diminue fortement.
On dit alors que la cible a été désensibilisée (cf. la
lettre D dans EMDR).
3°) La phase de retraitement.
La désensibilisation étant faite, l’idée positive posée au
début semblera plus juste à la
personne; le thérapeute utilisera encore des stimulations
bilatérales pour renforcer l’idée positive.
4°) Body-scan.
Le thérapeute vérifie que la pensée négative associée à
l’image cible ne perturbe plus le patient dans son corps. Il lui demande de
le « scanner »
mentalement en
passant en revue toutes ses sensations, afin
de repérer les tensions
qui subsisteraient et de les dissiper par une nouvelle
série de stimulations.
En somme, une thérapie EMDR réussie amène à ce que la
personne ne revit plus les évènements anciens de façon
douloureuse.
Les aspects du passé qui ont été travaillés deviennent un simple
souvenir et non plus un foyer de tourmentes et de symptômes, et
peuvent enfin s'inscrire dans sa biographie
comme des simples faits.